Yves Marie Alain Domergue a été enlevé peu après le 20 septembre 1976 avec Cristina Cialceta Marull, sa compagne, dans la ville de Rosario, en Argentine. Il avait 22 ans, elle 20 ans. Quasiment 34 ans plus tard, en mai 2010, leurs dépouilles furent identifiées par l’Équipe argentine d’anthropologie médico-légiste (EAAF), à la suite d’une recherche collective au cours de laquelle sont intervenus, non seulement les membres des deux familles, mais aussi la Direction des droits de l’homme de la province de Santa Fe et, en particulier, les institutrices et les élèves de l’École Pablo Pizzurno de la ville de Melincué qui ont entrepris, en 2003, de reconstruire ce qui s’était passé avec les deux jeunes trouvés morts dans la région 27 ans plus tôt, à la recherche de leur identité et que justice soit faite. |
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En regroupant nos actions, il a été possible de reconstruire une partie de l’histoire : Yves et Cristina ont été jetés morts criblés de balles sur le bas-côté de la route rurale Nº 90, a cinq kilomètres du village de Carreras et à 126 kilomètres du lieu de l’enlèvement, Rosario, vraisemblablement le 24 septembre 1976. Deux jours plus tard, le dimanche 26 septembre, Mr. Agustín Buitron, le propriétaire du champ voisin, trouve les corps et dénonce la macabre découverte à la police. Les corps sont immédiatement enterrés sous X dans deux tombes du cimetière de Melincué, d’où ils sont exhumés en juin 2009 pour les soumettre à des analyses ADN. Ces ADN, comparés aux échantillons de sang des membres des deux familles, ont déterminé sans marge d’erreur qu’il s’agit bien d’Yves Domergue et de Cristina Cialceta Marull.
De nationalité Française, Yves, l'aîné de neuf frères, est né à Paris XVIIe le 8 août 1954. Alors qu’il allait avoir cinq ans, sa famille s’installe en Argentine en juillet 1959 ; ses parents et presque tous ses frères rentrent en France en octobre 1974, tandis que lui reste dans le pays qu’il avait choisi pour y faire sa vie et pour suivre des études d’ingénieur à l’Université de Buenos Aires.
En septembre 1976 il se rend à Rosario pour un court séjour, annonçant au seul frère qui comme lui habitait Buenos Aires qu’il rentrerait sous peu. Depuis, il ne donne plus de ses nouvelles. Divers témoignages, parmi lesquels certains sont anonymes et d’autres proviennent de militants qui partagèrent avec lui ses dernières activités, nous permettent de reconstituer les faits : Yves et sa compagne Cristina, surnommée “ la Mexicaine ”, ont été interceptés par une patrouille de l’Armée de terre et conduits illégalement dans la caserne militaire “ Batallon 121 de Comunicaciones ” située dans la ville de Rosario.
En dépit des interventions de l’Ambassade de France en Argentine et des nombreuses démarches entreprises par sa famille auprès des gouvernements argentin et français, d’organismes internationaux, humanitaires, religieux et autres, ainsi qu’auprès des autorités et des législateurs américains, le tout accompagné d’une importante campagne de presse, aucune réponse n’a été obtenue des fonctionnaires argentins. La détention d’Yves et de Cristina n’a jamais été reconnue par la Junte militaire qui usurpait alors le pouvoir, bien que divers recours d’« habeas corpus » aient été déposés par son père, qui a voyagé tout spécialement en Argentine pour entamer sa recherche quelques semaines après sa disparition.
La récupération et l’identification des dépouilles d’Yves et de Cristina permettent à présent de reconstituer la brutalité de l’assassinat et d’apporter à la Justice de nouvelles pièces à conviction qui, on l’espère, permettront de confondre et de condamner les coupables de leur enlèvement, de leur disparition et de leur mort.
Si vous avez le moindre renseignement susceptible de nous aider à reconstituer leur enlèvement, vous pouvez nous contacter par email à l'adresse suivante:
Merci d'avance.
Famille Domergue |